Activiste d'une musique aussi variée qu'inventive et aux multiples groupes et projets collaboratifs, AlBéRiCk nous livre quelques secrets et réflexions sur la scène actuelle et quelques unes des clés (pas toutes!) de son univers sonore dans un entretien court mais intense !
Mais au préalable et afin d'apprécier cette interview en musique, je vous invite à cliquer tout d'abord ici : http://www.myspace.com/theevirginalbrides
puis ici http://www.myspace.com/dotcut ou là http://www.myspace.com/montrealnintendoorkestar...
Fermez les yeux, inspirez, expirez... Vous êtes mort! Lisez donc ces quelques lignes pour revenir parmi mes vivants.
1/ A quand remonte le début de vos activités musicales ?
Le projet .cut a débuté en 1992 et l'intégration du seul autre membre "permanent" Gibet s'est fait en 2002. Par la suite j'ai fondé le groupe virtuel Thee Virginal Brides avec Oren (Mortal Manifest & Seven Morgues, Israël) et Andy (The Vomit Arsonist, USA) en 2006, et enfin le duo électronique Montreal Nintendo Orkestar en 2008 avec l'artiste Montréalais S.Cibo.
Si tu fais un peu d'archéologie, tu trouveras peut-être quelques traces dans quelques projets gothico-batcave du milieu des années 1980, si je n'ai pas réussi à détruire toutes les bandes comme avait tenté de le faire Stanley Kubrick avec son tout premier long-métrage Fear & Desire.
2/ Vous a t-on déjà reproché la multiplication des projets musicaux ou de vous disperser ? Parlez-nous de vos différents projets.
Reproché ? Non, jamais. Au contraire, ça laisse un peu de répit à mes collaborateurs
.cut/.cut featuring Gibet est un duo de musique expérimentale et aussi mon plus vieux projet musical toujours en activité à ce jour. Ce projet a débuté en 1992 et a donné lieu à de nombreuses collaborations musicales (citons notamment avec Mr Malinou, Contempus Mundi, Maggot Breeder, Electronic Press Kit,...).
Thee Virginal Brides est un projet virtuel drone/dark ambient. Nous habitons tous les trois dans 3 pays différents et nous ne nous sommes jamais tous retrouvés dans la même pièce à ce jour. Toutes nos pièces sont composées grâce à Internet, et nous ne donnons pas de concerts.
Montreal Nintendo Orkestar est mon tout dernier projet en date. C'est aussi le plus ludique des trois, car nous utilisons exclusivement des consoles de jeu Nintendo comme seule source sonore, et tout est enregistré live.
3/ Qu'y a t-il de fondamentalement différent entre la scène musicale nord américaine et celle d'Europe ?
J'ai entendu dire par un esprit malveillant que ce serait plus "facile" en Amérique du Nord, mais si c'est le cas, c'est plus facile pour tout le monde, donc plus de concurrence...
Après, je trouve que le public a peut-être plus cette notion d'unité et de support de la scène locale qu'en France.
4/ Vous dites vouloir arrêter de faire des sorties en support numérique, est-ce pour laisser la place aux sorties en support physique ? Ressentez-vous une lassitude par rapport au format numérique type mp3 ?
Tout à fait; c'est l'idée générale pour 2010. En ce qui me concerne je n'ai jamais vraiment aimé écouter de la musique sur mon ordinateur, et aussi je ressens aussi effectivement une certaine lassitude. Principalement une lassitude à courir après certains gérants de netlabels pas toujours très professionnels pour qui leur label n'est semble-t-il pas leur priorité. Fonder un netlabel est aujourd'hui quelque part à la portée de n'importe qui pourvu d'une connexion internet...
5/ On a noté vos participations aux weblabels Le Colibri Nécrophile (compilations NecKtar) et autres (notamment Abyssa Netlabel), pensez-vous qu'il est encore possible aujourd'hui d'innover musicalement ou d'explorer des territoires sonores vierges ?
Voici exactement le contre-exemple à ce que je disais il y a quelques instants. Le Colibri Nécrophile et Abyssa sont deux labels que je respecte, gérés par des gens passionnés et professionnels et avec lesquels j'ai toujours eu beaucoup de plaisir à travailler. Je regrette d'ailleurs vivement la cessation d'activités d'Abyssa. Je serai présent sur la prochaine compilation Necktar à paraître en janvier avec 3 différents projets musicaux. Je reste donc ouvert aux propositions et projets de qualité.
Après, le support de diffusion n'a rien à voir avec l'innovation ou la recherche musicale. Je ne pense pas que le support enlève ou rajoute quoi que ce soit à la qualité d'expérimentation ou de composition.
6/ L'hémisphère Nord est le plus gros émetteur de gaz carbonique : pour vous l'écologie c'est important ou est-ce une autre manière de faire culpabiliser les gens ?
J'utilise principalement les transports en commun, je fais quotidiennement mon recyclage, et je ne suis pas un gros consommateur en général. Donc je n'ai pas trop mauvaise conscience. Mais oui, l'écologie, c'est définitivement important, chacun peut jouer un rôle à son niveau.
7/ Pensez-vous que la dématérialisation du disque tue l'objet ou au contraire que la "révolution numérique" a participé à la démocratisation de l'accès à la culture ?
Ni l'un ni l'autre. Je ne télécharge quasiment rien, sauf de vieux bootlegs qui de toute façon ne seront jamais disponibles dans le commerce.
Je préfère écouter un vinyle sur une vraie chaîne hi-fi, assis sur un bon canapé et je reste très fétichiste de la cassette sous-toutes ses formes.
Pour ce qui est de la démocratisation à l'accès à la culture, je n'ai toujours pas réussi à trouver des copies physiques des films de Peter Greenaway qui me manquent...
8 / Michel Courtemanche, Garou, Fabienne Thiebault, Céline Dion, Anthony Kavanagh... pourquoi nous les envoyer ? On vous a rien fait, pourtant...
Johnny Hallyday, Michel Drucker, Patrick Sébastien... et je viens de découvrir le SAV des émissions d'Omar et Fred grâce à mon filleul pour les fêtes de fin d'année et sans même avoir eu besoin d'appuyer sur lecture, le boîtier du DVD m'a terrorisé pour un bon moment...
9/ Que pensez-vous des extrêmes politiques qui se servent de la musique extrême pour exprimer leurs idées ? Est-il possible encore aujourd'hui d'être ambigu de la même manière que les pionniers de la musique industrielle ?
Ce qui pouvait avoir un intérêt "artistique" par la provocation pour l'époque est tombé dans le stéréotype. La politique est un sujet trop peu créatif et inutile à mon goût.
Pour ma part, j'ai cessé de fréquenter certains concerts de la scène post-industrielle principalement à cause du public que l'on y croise.
10/ Que pensez-vous du revival dans les musiques dark/industriel/goth ?
Pas grande chose en fait. Je n'écoute quasiment aucun groupe récent de cette scène-là. Je suis resté très "classique", et mes références restent les mêmes avec le temps; par contre dans les 10 dernières années je me suis ouvert à pas mal d'autres genres musicaux comme le krautrock, l'électro-acoustique, le post-rock, le free jazz, la folk...
11/ Quel matériel utilisez-vous dans vos productions et dans vos lives ?
J'utilise un grand nombre de pédales d'effets analogiques afin de traiter le son en direct. Après, selon le projet, j'utilise diverses sources sonores : laptop, guitare, Nintendo DS... C'est un peu toujours la même démarche. Ma dernière acquisition est une Octaver de Boss et j'en suis vraiment très satisfait.
12/ Avez-vous des projets de sortie en co-production avec le projet Cheerleader69 ?
Tu es extrêmement bien renseigné (où il y a un microphone caché quelque part chez moi)... Effectivement, il est normalement question d'une nouvelle sortie de Cheerleader69 à laquelle je participerai. Sinon, de son coté, un nouveau titre de Cheerleader69 sera bientôt disponible sur la nouvelle compilation Strange Invaders à paraître ces jours-ci sur le label [walnut + locust] distribué exclusivement dans les distributeurs automatiques du réseau Distroboto au Québec. De mon coté, je participe à cette même compilation avec le Montreal Nintendo Orkestar.
Lien : www.dotcut.org
Crédits photos : Cheerleader69 (Jessica Rispal), .cut & St-Onge (Etienne Blythe), .cut featuring Gibet (Gérald Tournier), Montreal Nintendo Orkestar (David Smegelski).
Myspace
www.myspace.com/dotcut
Propos recueillis par Horacio
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